De même, la démocratie ne peut être réduite à une forme unique d'expression puisqu'il est avant tout important de faire prévaloir son principe directeur qu'est la souveraineté du peuple et pour ce faire, il revient à chaque État d'établir les institutions qu'il juge adéquates et le mode de fonctionnement qu'il estime en accord avec les mentalités de sa population pour l'accomplissement de cet objectif. « Tous chemins mènent à Rome » dit-on, autrement dit : qu'elle soit directe, représentative, ou semi-directe, une démocratie reste dans le fond « très démocratique ».
Mais qu'en est-il s'agissant de l'Afrique ?
L'Afrique étant le berceau de l'humanité, est principalement caractérisée par une culture et des traditions propres à son histoire, car oui, lors de la période ante coloniale, l'Afrique avait bien une histoire, une civilisation, des rites et des traditions qui régissaient la vie en société de ses populations. Il est important de rappeler cette partie de l'histoire car la colonisation est aujourd'hui défendue et qualifiée de nécessaire sous prétexte que sans les valeurs importées de l'Occident, les modèles de gouvernance mis en place par les africains eux-mêmes ne sauraient se montrer efficaces. Or l'histoire révèle que les valeurs de liberté et de fraternité sont anciennes au continent de par ses traditions et ses mœurs, ainsi la charte de Manden de Kouroukan Fouga datant de l'époque du roi Soundiata Keïta et étant une des constitutions les plus anciennes qui existent – car remontant au XIIe siècle, donc bien avant la Magna Carta de l'Angleterre – révèle l'existence d'un système organisé chez les peuples d'Afrique notamment avec des règles de conduites résultant de leurs valeurs traditionnelles et ancestrales. De ce fait, il est évident que le viol des cultures et des systèmes sociaux entrepris par les occidentaux durant la période coloniale n'était guère indispensable dans l'organisation politique et sociale de peuples africains.
Cependant, force est de constater que ce rôle de paternalisme que se sont attribués les occidentaux continue aujourd'hui d'avoir une emprise sur nos modèles d'organisations politiques, c'est ainsi que les démocraties africaines sont souvent critiquées car ne répondant pas tel qu'il se doit au modèle occidentale. Ou alors, certaines d'entre elles sont peut-être « trop occidentalisées » sans prises en compte des mentalités et comportements socio-culturels de leurs populations. Ainsi, on est tenté de trouver dans cet « échec démocratique » que connaissent beaucoup de ces États africains, une part de responsabilité dans l'exercice de ce rôle paternel des occidentaux sur les africains. Mais encore, pourrait-on sûrement parler de néocolonialisme, lorsqu'on sait la pression exercée sur les États africains, concernant notamment leur organisation politique.
L'idée utopique selon laquelle seule la démocratie occidentale serait à même de provoquer un développement est erronée lorsqu'on observe les montées en puissance qu'ont connu les peuples d'Asie ces dernières années, notamment la Chine et l'Inde. La Chine qui n'étant pas forcément démocratique a su mettre en avant le bien être de sa population en maintenant le système politique qu'elle juge approprié et adéquat à cette population selon ses traditions et coutumes. Il en est de même pour l'État indien qui a été capable d'établir une version de la démocratie autre que celle connue en Occident, dans le respect des coutumes, des valeurs traditionnelles et morales de sa population mais aussi en tenant compte des facteurs cités plus haut tels que la géographie et la démographie du pays. Pourquoi les États africains n'en feraient pas de même ?
Ainsi, il est important que les occidentaux cessent cette façon de s'attribuer ce rôle de paternalisme auprès des États africains, afin de leur laisser la liberté d'établir le régime politique qui convient à leur type de société. De même, il est sans doute temps que ces États prennent l'initiative de valoriser leurs héritages culturels dans la rédaction de leurs constitutions. Ainsi chers États africains, il vous revient le droit et le devoir de choisir entre l'asservissement au néocolonialisme occidental ou alors la mise en place d'une démocratie purement et traditionnellement africaine.
Yvelande Sankariste
Etudiante Stagiaire
Laotravoz.info