
La stratégie de renforcement des réserves
Alors que la sous-région connaît un ralentissement de l'activité économique dû notamment à la chute des cours mondiaux du brut, avec une croissance de seulement 2,8 % en 2015, et des projections à 1,6 % pour 2016, la performance de l'institution sous-régionale a de quoi surprendre. « Le comité ministériel a ratifié les comptes définitifs de la BEAC pour l'exercice 2015 qui se sont soldés par un résultat bénéficiaire record de 160,795 milliards de francs CFA (321,59 millions de dollars), tels qu'approuvés par le Conseil d'administration, et procédé à l'affectation dudit résultat conformément aux dispositions statutaires », souligne le communiqué de presse publié au sortir de la première session ordinaire du comité ministériel de l'Union monétaire de l'Afrique centrale (Umac) pour l'année 2016.
Mais ce résultat peut aussi être mis sur le compte de la stratégie de gestion des réserves de la sous-région définie en 2010 après les scandales financiers de 2009 qui ont coûté son poste au président de la banque ainsi que d'autres responsables de l'institution. En effet, la banque avait rencontré des problèmes de gestion enregistrés par le bureau extérieur de la BEAC à Paris et la perte subie sur l'un de ses placements, la banque centrale avait terminé cette année-là sur un déficit. D'après le rapport annuel 2009 de la banque, l'exercice s'est soldé par une perte de 29,6 milliards de francs CAF contre un bénéfice net de 45,2 milliards de francs CFA réalisé en 2008, soit une variation de - 165,4 %.
Une croissance qui ralentit dans la région
Ce « résultat exceptionnel » permet selon plusieurs hauts gradés de la banque de distribuer des dividendes aux États membres de la banque. « Ces ressources supplémentaires vont nous permettre, d'une part, de renforcer nos réserves afin de faire face (...) à la baisse du taux de couverture de la monnaie. Mais en même temps, elle nous permet de donner davantage de ressources au financement des projets intégrateurs dans la sous-région », a ajouté le gouverneur de la BEAC, Lucas Abaga Nchama. En 2014, le bénéfice enregistré se chiffrait à 25,108 milliards de francs CFA (50,216 millions de dollars), révèle le communiqué de presse. La conjoncture économique au sein de la Cemac, elle, n'est cependant pas à la vigueur. Après avoir replié à 2,8 % du PIB en 2014, la croissance poursuivra sa décélération en 2016, pour s'établir à 2 %, d'après les prévisions officielles. En cause, la baisse des recettes budgétaires à la suite de la chute persistante des prix des matières premières, dont le pétrole, produit par la quasi-totalité des pays de la région, et l'insécurité engendrée par la crise centrafricaine et les activités terroristes de la secte islamiste nigériane Boko Haram au Cameroun et au Tchad.