Pour Alexandre Sankara, l’un des dirigeants de l’UNIR, le parti sankariste, la transition a rendu justice non seulement au héros d’un peuple, mais à ce peuple lui-même :
« Quand vous avez vécu l’insurrection populaire ici, c’est là que vous vous rendez compte qu’elle a été purement et simplement, sankariste, dit-il. Et même les leaders politiques qui sont d’obédience libérale se sont laissé entraîner dedans. Quand vous entendez le chef de l’UPC néolibéral par excellence qui crie : ‘La patrie ou la mort, nous vaincrons’, ça veut dire ce que ça veut dire ».
Les avocats de la famille Sankara sont souriants. L’enquête avance, 8 personnes ont été inculpées mais ce sont des exécutants. Maître Prosper Farama souhaite que la justice convoque les commanditaires : « La personne la mieux placée et la seule qui soit restée aujourd’hui en vie c’est Blaise Compaoré ! Forcément il faut l’entendre pour savoir sa version exacte du déroulement des faits ».
L'héritage du père de la révolution
Le mythe Sankara est vivant, pourtant paradoxalement dans la classe politique les sankaristes n’en tirent que peu de bénéfices. « C’est vrai, nous n’arrivons pas à capitaliser tout cela, à avoir des dividendes politiques sur le terrain. Mais ça, ce n’est pas la faute à Thomas Sankara ! Ça, c’est de notre faute. C’est lié au fait que les gens veulent à la tête d’un parti sankariste un autre Sankara. Avoir le charisme de Sankara ! Le leadership de Sankara ! Mais malheureusement n’est pas Sankara qui veut et nous n’arrivons pas à faire comme lui », explique Alexandre Sankara.
Thomas Sankara est réhabilité, élevé au rang de martyr. Le camp militaire de Pô porte désormais son nom. La transition a commencé à rectifier une page fondamentale de l’histoire nationale.