Les 26 pays étudiés sont notés pour chaque indice, puis classés sur une échelle allant de 0 à 100 points et répartis sur quatre catégories : A (scores allant de 81 à 100 points/les libertés numériques sont respectées et le pays est considéré comme libre), B (scores de 56 à 80 points/les libertés numériques sont partiellement respectées et le pays est considéré comme partiellement libre), C (scores de 31 à 55 points/les libertés numériques sont particulièrement en difficulté et le pays est considéré comme partiellement non-libre) et D ( scores de 0 à 30 points/les libertés numériques sont gravement en difficulté et le pays est considéré comme non-libre).
Le classement montre que les libertés numériques sont respectées dans deux pays d’Afrique francophone seulement. Il s’agit de l’Île Maurice et des Seychelles, qui ont obtenu des scores respectifs de 96 et 84 points.
Les libertés numériques sont partiellement respectées dans six autres pays : le Bénin, les Comores, la Côte d’Ivoire, le Maroc, le Sénégal (avant les événements actuels) et la Tunisie.
Manque d’organisations actives dans la défense des libertés numériques
Onze pays figurent dans la catégorie regroupant les Etats où les libertés numériques sont particulièrement en difficulté : l’Algérie, le Burkina Faso, le Gabon, la Guinée, Madagascar, le Mali, la Mauritanie, le Niger, la RD Congo, la République du Congo et le Togo.
Enfin, les libertés numériques sont gravement en difficulté dans sept pays : le Burundi, le Cameroun, Djibouti, la Guinée équatoriale, la République centrafricaine, le Rwanda et le Tchad.
Le rapport précise dans ce cadre que less libertés numériques représentent l’ensemble des libertés individuelles et collectives associées au numérique. Ces libertés incluent le droit de maîtriser les logiciels présents sur ses appareils électroniques (le logiciel libre), le droit à la vie privée et à la protection de ses données personnelles (privacy), et la liberté d’information et de communication sans être surveillé ou censuré (Internet Freedom).
Les auteurs du rapport soulignent d’autre part que « l’autoritarisme numérique » est en plein essor en Afrique francophone, où plusieurs gouvernements ont promulgué des lois définies de manière vague permettant ainsi des arrestations aléatoires, alors que d’autres ont mis en œuvre des pratiques répressives restreignant la liberté d’expression et l’accès à l’information comme les coupures d’Internet organisées par les gouvernements, la censure de sites d’information et des réseaux sociaux ou encore l’arrestation des citoyens pour des publications critiques en ligne.
Ils constatent par ailleurs que la société civile est mal organisée et peu outillée pour défendre les libertés dans l’espace civique en ligne dans les pays d’Afrique francophone. Dans le même temps, la structuration du réseau international des libertés numériques est anglophone de façon écrasante. Les principales organisations sont basées dans des pays anglophones (Cipesa et Defend Defenders en Ouganda, Paradigm Initiative au Nigeria) tandis qu’Access Now est basée en Europe et aux États-Unis, même si elle dispose d’un bureau en Tunisie.
Les réseaux axés sur la liberté d’expression et d’information comme RSF ou Article 19 ont des bureaux respectivement à Dakar et à Tunis, mais ces organisations qui s’intéressent traditionnellement aux questions des libertés numériques ont opéré récemment un changement pour limiter leurs activités à des catégories professionnelles.
Source : Agence ecofin