La présidente de la Chambre des députés Donatille Mukabalisa a refusé de rendre public le texte voté ni même de lire cet article 172 à la presse. Mais elle a ouvertement démenti que cet article soit fait sur mesure pour Paul Kagame. « On n'a pas voté une loi pour une seule personne. Tout Rwandais qui va présenter sa candidature à la présidence de la République sera élu après 2017 pour un mandat de sept ans, il peut être réélu selon ce que prévoir l'article 101. C'est pour tout candidat à la présidence de la République, c'est pas seulement pour le président Kagame », a-t-elle martelé.
Pour être définitivement adopté, ce texte doit être maintenant voté au Sénat puis être soumis à référendum. Mais si cette Constitution remaniée est adoptée en l'état, Paul Kagame pourrait en théorie rester au pouvoir jusqu'en 2034.
« Un glissement de régime vers une dictature »
L’opposition n’a pas tardé à critiquer ce vote. Si Franck Habineza, président du Parti vert démocratique, salue le passage des mandatures de sept à cinq ans, en revanche, il estime que l'introduction de cet article 172 dans la Constitution est incohérente. « Nous allons demander au Sénat de réexaminer cet article et de supprimer ses incohérences. C’est incohérent parce que le président n’a pas encore affirmé lui-même qu’il se présenterait à la présidentielle. La Constitution ne peut pas être écrite pour une seule personne, mais pour le peuple. »
Un avis partagé par Joseph Bukeyé, 2e vice-président des FDU et président d'une plateforme regroupant cinq partis d'opposition. Inquiet, il appelle la communauté internationale à se pencher sur le cas du Rwanda. « Qu’on ne reste pas les yeux braqués sur le Burundi et le Congo mais qu’on regarde ce qui se passe au Rwanda. On est en train d’assister à un glissement de régime vers une dictature. Et si ça continue comme ça, la crainte c’est que les gens réalisent qu’il n’y a pas moyen d’assurer une alternance politique à ce pays et qu’ils recourent à la violence… »