L’appétit des investisseurs pour les obligations souveraines émises par certains pays d'Afrique subsaharienne est perceptible depuis la mi-avril 2016. A titre d'exemple, le rendement de l'eurobond émis par le Cameroun au mois de novembre 2015 pour un coupon initial de 9,5%, s’affichait à 7,5% au 8 septembre 2016.
Cette évolution signifie que les investisseurs ont payé chaque titre au-dessus du prix d'émission ce qui traduit un certain degré de sollicitation.
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(Source Bloomberg)
Au mois de février, l'obligation camerounaise affichait pourtant un rendement de 12,5%, soit un écart positif de 3 point de base sur le taux initial, signe du désintérêt des investisseurs. Ces évolutions, concernant le Cameroun et le Ghana, doivent être comparées avec celles de la Zambie qui attirent aussi les investisseurs, quoi qu’à un rythme plus modéré, et du Gabon dont le dernier rendement (7,5% au 8 septembre 2016) pour son dernier eurobond est au-dessus du coupon (taux d'intérêt) d'émission de 6,5%.
Cette dynamique qui se déroule sur le marché secondaire entre les investisseurs ne change rien pour les pays, notamment pour ce qui est de leurs engagements à payer le principal et les intérêts des sommes empruntées. Mais comme on le constate avec le Ghana, elle indique que les investisseurs sont prêts à accorder des taux inférieurs pour les emprunts de ces pays. Cette baisse des taux (indicateur de perception des risques par ceux qui prête de l'argent), ne veut pas dire que les investisseurs ont changé leur perception du risque que représentent ces pays.
Sur le marché international des obligations où on retrouve aussi celles des pays européens, des USA et des pays asiatiques, les seuls titres qui donnent encore droit à des taux supérieurs à 4% se retrouvent en Afrique subsaharienne. En plus des défis de gouvernance et de sécurité, les économies de cette région sont toujours négativement impactés par la hausse des taux de change de leurs devises, qui elle-même est le corollaire du repli des matières premières, leurs principales sources de revenus
Aussi, le volume global de ces obligations très rentables est assez faible. L'encours global des eurobonds d’Afrique subsaharienne était, à la fin 2015, de seulement 40 milliards $. Des analystes suggèrent donc que les gouvernements de ces pays ne doivent pas se fier à l'inversion des taux pour solliciter de nouveau le marché international de la dette, s'ils n'ont pas la capacité d'analyse des différentes dynamiques et fluctuations qui l'encadrent actuellement. Plusieurs opérations de ce type annoncés dans la région ont été annulées ou repoussées, du fait des conditions peu favorables du marché.