Pour un ancien footballeur, c’est également quasiment une première. Seul Ahmed Ben Bella avait été élu président de l’Algérie (septembre 1963-juin 1965) après avoir porté le maillot de l’Olympique de Marseille pour… un seul match en avril 1940.
L’unique joueur africain vainqueur du Ballon d’Or en 1995 se retrouve face à un défi immense pour relever ce petit Etat d’Afrique de l’Ouest toujours meurtri par une guerre civile achevée il y a 14 ans sur un terrible bilan de 250 000 morts. Sénateur depuis trois ans, Weah entend désormais modifier le système de soins, renforcer l’éducation, relancer les sites miniers et moderniser les infrastructures afin de relancer le tourisme dans le pays. Loin des affaires du foot et du PSG où son fils Timothy évolue dans l’équipe des moins de 19 ans. Son élection n’étonne pourtant pas ceux qui l’ont croisé sous le maillot rouge-et-bleu. « C’est fabuleux car il a toujours voulu rendre au Liberia ce que le Liberia lui a donné, s’enthousiasme Jean-Michel Moutier, l’ancien directeur sportif parisien.
Je l’accompagnais lorsqu’il allait jouer en sélection et j’ai vu à quel point il était dévoué à son peuple. Il voulait toujours qu’on aide son pays. On apportait des ballons et des crampons. A l’époque, il était reçu comme un chef d’État ». Durant la guerre, la sélection libérienne ne pouvait pas jouer à domicile et ses matchs étaient souvent disputés au Ghana. « Mister George » en profitait toujours pour rendre visite à ses compatriotes dans les camps de réfugiés. De retour à Saint-Germain-en-Laye après les rencontres du PSG, Weah avait aussi pour habitude de collecter les paniers-repas non consommés pour aller les distribuer aux sans-abri installés près de la gare RER. « C’était une personnalité forte qui savait se faire entendre » se souvient Daniel Bravo.
L’ascension politique de Weah ne surprend pas non plus Michel Denisot. « Il avait tous les paramètres pour réussir. Il était attentionné envers ceux qui l’entouraient et à l’égard des gens démunis. Il était très agréable à fréquenter, comme tous les gens qui ont beaucoup de talent, explique sur France Info l’ancien président du club de la capitale. J’ai toujours tendance à dire que les joueurs sont dans la vie comme sur le terrain. George Weah était quelqu’un d’exceptionnel ». A 51 ans, l’ex-n°9 va devoir le prouver sur un nouveau terrain. « Quand il a perdu sa première élection, il a pris conscience qu’il devait progresser et c’est pour cela qu’il est parti étudier aux Etats-Unis, poursuit Moutier. Aujourd’hui ce n’est plus Weah le footballeur, il a toutes les compétences pour endosser le costume de président ».
Le Parisien