On ne peut reprocher cette démarche à l’autorité centrale de ce pays, car elle s’inscrit dans son engagement à ouvrir la Guinée-Equatoriale au monde. Car au-delà des aspects linguistiques, il y a les avantages potentiels à tirer au plan culturel, via un système d’échange dont la définition peut se poursuivre d’années en années aux vus des ajustements sans cesse indispensables pour améliorer les protocoles.
Des avantages aussi au plan économique, car la faiblesse de la population de la Guinée Equatoriale en fait un marché très réduit ; aussi est-il utile de l’élargir en pénétrant de grands ensembles soit linguistiques ou économiques. Cette démarche, de nombreux pays l’ont effectué. On citera le cas du Nigeria qui, pour consolider son dynamisme économique, a cru bon s’ouvrir à l’espace de la Francophonie par son adhésion à l’OIF à la fin des années 90, sous la présidence d’Olusegun Obasanjo.
Et pourtant, la centaine de millions de Nigerian continuent d’utiliser l’Anglais comme langue de travail et de communication. Ce, tout en profitant de son interconnexion à l’espace d’échanges culturel, politique et économique que lui offre l’OIF. On dira la même chose du Rwanda, qui a choisit le pragmatisme du Commonwealth, pourtant pays francophone, où l’usage du Français est du reste prépondérant.
Aussi, le procès sur fond d’usage linguistique fait aux autorités Guinéennes ressemble à un procès en sorcellerie sans fondements objectifs. Que l’on se souvienne de la décision, il y a une trentaine d’années de la Guinée-Equatoriale d’adhérer à la Francophonie. Cette adhésion a été marquée par un acte économique qui montre ses bénéfices aujourd’hui, avec son entrée dans la zone CFA. Si la Guinée Equatoriale avait maintenu sa monnaie d’antan jusqu’à ce jour, il est fort probable que le bénéfice économique qu’il a tiré avec le FCFA n’aurait pas été le même.
Quant à la langue, elle ne contient qu’un argument résiduel. En somme qui n’en est même pas. Ce n’est pas parce que la langue portugaise n’est pas encore répandue qu’il ne faut pas entrer dans la CPLP. C’est d’ailleurs fort de cela que le Secrétaire général de la CPLP, le Mozambicain Isaac Miguigy Murargy a parlé de « patience » quant à l’ancrage de la langue portugaise dans le système linguistique de la Guinée Equatoriale. car ce n’est pas au bout d’une année qu’on peut s’attendre à une immersion totale de la population dans l’usage de la langue portugaise. Notons dans cette lancée qu’il a donné un satisfecit à ce pays pour cette première année qu’il a jugé « positive ».
Aujourd’hui riche de trois langues : l’Espagnol, le Français et l’Anglais, la Guinée Equatoriale est un modèle quasi trilingue, unique dans la sous-région d’Afrique centrale. Il ne fait aucun doute que le Portugais entrera convenablement dans le système linguistique de ce pays et l’ouvrira à de nouveaux horizons. C’est ce qui se dessine aussi dans la note d’optimisme du secrétaire général de la CPLP.
Il a fallu plus d’une décennie pour que les populations de la Guinée Equatoriale adopte le Français pour en faire une des langues de communication essentielle.
Ainsi, le fait de ne pas parler la langue reste un argument très court, sans fondement et sans poids pour les détracteurs tapis dans l’opposition et ses soutiens. Argument qui, du reste, se retourne contre eux car il dit la volonté de ce groupe de maintenir la Guinée-Equatoriale dans les archaïsmes d’un passé colonial marqué par la résistance aux progrès. Ramener le pays en arrière est leur objectif.