Dans un coup de gueule en présence d’un membre de Mission d’observation électorale de l’Union européenne, contre le présumé hold-up électoral en préparation concernant la présidentielle du 27 août prochain, Aminata Ndzomba épouse Ondo, leader du Syndicat national des professionnels de l’audiovisuel public (Synapap) affilié au Réseau des organisations de la société civile gabonaise (ROLBG), a dénoncé avec véhémence la présence d’un grand nombre de marabouts à Libreville. «Actuellement, vous allez dans les hôtels, les marabouts sont pleins au Gabon. Ça, le blanc n’y croit pas, mais c’est ça l’Afrique : les Indiens, les Béninois, les Sénégalais… ils sont plein pour nous ’’mabouliser’’. On ne s’en plaint pas, et ça l’UE ne voit rien. Vous voyez bien des crimes, nous avons des procès qui n’ont jamais pu aboutir», a-t-elle accusé.
Dans le même sens, M.J, chauffeur pour une personnalité de la République, est catégorique : «Ils sont nombreux, ces marabouts, dans les quartiers huppés de la capitale. Ils sont dans de grandes villas, disposent de voitures avec chauffeurs, sans compter les fortes sommes d’argent qu’on leur reverse au quotidien.»
Les identités des principaux clients, et notamment ceux qui leur adressent des invitations, ne sont pas que des candidats à l’élection présidentielle. Selon la même source, des cadres et propagandistes politiques penseraient déjà aux postes qu’ils convoitent ; quelques gris-gris les leur garantiraient, pensent-ils. Les traditionnels ’’ngangas’’ (nom local des marabouts) du pays, mis aux oubliettes, doivent certainement pâlir d’envie au regard du train de vie de leurs compères expatriés. Leurs amulettes et autres talismans étant manifestement de faible impact.
Par conséquent, une résurgence des crimes dits rituels dans le pays est fortement à craindre. Le spectacle du carrefour Rio à Libreville où, le 20 décembre 2014, des animaux domestiques, égorgés, avaient été nuitamment installés sur le lieu où devait se tenir un meeting de l’opposition, est symptomatique de l’ancrage de la magie noire dans la sphère politique gabonaise. Un phénomène qui peut se comprendre, le Gabon étant «revenu à ce qu’Auguste Comte nommait l’âge théologique. Celui-ci est un état mental dominé par la référence au surnaturel, un état où l’on pense que les phénomènes sont produits par l’action directe et continue d’agents surnaturels plus ou moins nombreux. Un âge qui renvoie à l’enfance de l’humanité», écrivait déjà Gabonreview en 2013 (lire «Aux sources des crimes dits rituels»).