En effet, à travers des titres comme « urgent : Obiang Nguema met fin au franc CFA en Guinée Equatoriale » ou « la Guinée Equatoriale abandonne le franc CFA », depuis fin août 2018 circule dans plusieurs média en ligne et réseaux sociaux le texte suivant :
« Le gouvernement a adopté un programme de développement qui, à l'horizon 2020, dans sept ans donc, devrait permettre au pays d'atteindre le seuil de l'émergence mais la monnaie actuelle du pays le FCFA est un frein à ces objectif.
Selon nos sources, le président de Guinée équatoriale son excellence Obiang Nguéma a mis fin au FCFA et a fixé une date pour l'introduction de la nouvelle monnaie nationale appelée MAL. C'est lors d'une réunion des hauts responsables du gouvernement que le chef de l'Etat a fait cette annonce sans toutefois donner une date pour l'annonce officielle. La Guinée Equatoriale abandonne donc le franc CFA, la seule monnaie coloniale toujours en activité aujourd'hui.
Alors que les pays francophonies, anciennes colonies françaises d'Afrique, débattent, sans courage et sans issu, sur la pertinence de continuer ou non à utiliser le Franc CFA comme monnaie, la Guinée Equatoriale, seul pays hispanophone ayant aussi le CFA comme monnaie, veut commencer à utiliser sa propre monnaie.
Son souci premier étant le développement, avec pour point focal l'investissement massif dans l'infrastructure durable d'abord par soucis du bien-être de sa population, une monnaie nationale est nécessaire pour qu'un tel objectif soit atteint.
Situé au Sud du Cameroun, la nature a tout donné à cet Emirat africain. Sa position géographique en Afrique Centrale, son sous-sol regorgeant d'énorme quantité de ressources surtout du pétrole et du gaz.
Ce qui fait de cet Eldorado un candidat idoine pour la création de sa propre monnaie souveraine. Moins d'un million d'âmes, 740 743 habitants (en 2015) occupent cet archipel constitué de deux parties, l'une continentale, bordée par le Cameroun et le Gabon, l'autre insulaire avec l'île de Bioko (où se trouve la capitale Malabo) et l'île d'Annobon, pour une superficie totale de 28 051 km2.
Selon nos sources, l'annonce officielle sera faite dans les prochains jours. Nous avons essayé de contacter le ministre de l'économie et des finances de la Guinée équatoriale pour vérifier ces informations sans succès ».
La preuve mathématique irréfutable de la fausseté de cette prétendue « information d‘actualité » est le passage du texte même de cette information affirmant sans sourciller « à l'horizon 2020, dans sept ans donc ». Ce passage montre clairement que le texte en circulation actuellement date en fait de 2013, à l’apogée de la campagne médiatique en France contre la Guinée Equatoriale à la fois à propos du prix « UNESCO-GUINEE EQUATORIALE » et de la prétendue « affaire des biens mal acquis ».
Compte tenu de l’assassinat le 13 janvier 1963 du premier chef d’état du Tiers Monde, Sylvanus Olympio, moins de deux semaines après la publication dans le journal officiel du Togo le 1erjanvier 1963 de la loi votée par le parlement togolais sur la sortie du Togo du Franc CFA et la création du « Franc Togolais » et de la « Banque Centrale du Togo »(*), et à la veille de la mise en circulation officielle du « Franc Togolais », il va sans dire que la question légitime, en considération de la souveraineté nationale, de la sortie du « Franc CFA » d’un des pays membres de la « zone du Franc CFA », est une question géopolitique très sensible qui doit être traitée avec toutes les précautions et formalités juridiques et politiques nécessaires.
La récente déclaration officielle du ministre Fédéral allemand de la coopération et du développement économique, Gerd Mûller, qualifiant le Franc CFA de « monnaie coloniale »(1), conformément à son nom jamais officiellement modifié de « Franc des Colonies Françaises d’Afrique », sur le modèle du « Deutsch Mark » en usage dans la zone occupée de la France durant l’occupation nazie, et le récent plaidoyer de l’ancien président du Bénin Nicéphore Soglo en faveur de la future monnaie africaine(2), démontrent cependant que la sortie de tous les pays africains du Franc CFA et l’avènement de la future monnaie africaine sont inéluctables et ne sont qu’une question du bon moment et des bonnes procédures, sachant que la roue de l’histoire tourne de manière implacable, comme le prouve la révolution française elle-même.
Par :
Professeur Pascal Kossivi ADJAMAGBO
Président du CUEPA (Conseil des Universitaires et Experts Panafricains)
Président du MPL (Mouvement du Peuple pour la Liberté au Togo)
(1)-La récente déclaration officielle du ministre Fédéral allemand de la coopération et du développement économique, Gerd Mûller : https://www.dw.com/fr/la-tourn%C3%A9e-du-ministre-allemand-du-d%C3%A9veloppement-en-afrique-critiqu%C3%A9e/a-45186258
(2)-Plaidoyer de l’ancien président du Bénin Nicéphore Soglo en faveur de la future monnaie africaine : https://www.youtube.com/watch?v=QBgJTpOxmEA