En effet, le ministère français des Affaires étrangères s'est contenté d'indiquer qu'il suivait avec « inquiétude » l'évolution des violences qui secouent Djibouti. De son côté, l'Union européenne est encore plus tiède : « Les épisodes de violence constituent un défi pour les autorités djiboutiennes », a indiqué Bruxelles qui souligne qu'il est important que les auteurs de ces violences soient poursuivis. Quant à l'Union africaine, à Washington ou à Pékin, c'est carrément le silence radio.
Réagir en conséquence
Pour Daher Ahmed Farah, le porte-parole de l'USN, la coalition de partis d'opposition, la communauté internationale devrait pourtant prendre la mesure de la situation et réagir en conséquence. Il a affirmé que les grandes puissances « doivent tenir compte des intérêts du peuple djiboutien et pas uniquement de son président ».
Le bilan de ces affrontements est lourd. Djibouti compte ses morts après la répression lundi 21 décembre d'une manifestation de la communauté Yonis Moussa dans le quartier de Balbala en périphérie de Djibouti-ville. Le bilan est incertain : la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) le chiffre à 27 morts contre sept pour les autorités
« L’impunité est chose commune à Djibouti »
D'après la FIDH, les violences commises par l'armée et notamment la Garde républicaine (la garde présidentielle) ont aggravé le bilan. « L’impunité est chose commune à Djibouti puisqu’aucun militaire et policier n’a eu à rendre des comptes des répressions de ces vingt dernières années », a expliqué Florent Geel, responsable Afrique de la FIDH.
Incriminant la Garde républicaine, il a ajouté : « Face à la résistance des fidèles, la police a fait appel en renfort à la garde présidentielle, qui elle est intervenue directement et a tiré dans la foule, tuant au moins 25 ans personnes, et portant le bilan de cette répression à 27 personnes, avec 150 blessés au moins. »
Au pouvoir depuis 1999, le président Ismaël Omar Guelleh devrait se présenter à l’élection présidentielle prévue en avril 2016 pour briguer un quatrième mandat. Amendée en 2010, la Constitution ne limite plus le nombre de mandats présidentiels.